Inspirons nous de l'aviation

QUOTES Sécurité, inspirons nous de l'aviation

"L’aviation est à la Sécurité ce que l’hôtellerie de luxe est au Service : une référence". Ainsi, celui qui aura la responsabilité en entreprise de la sécurité des hommes et des femmes au travail, tournera forcément le regard, à un moment ou à un autre, vers l’aérien. Le temps qu’il y consacrera sera immensément enrichissant.

Alors quels enseignements en tirer ?

La conscience du risque.

En tout premier lieu, il faut le reconnaître, la conscience du risque chez les pilotes est grande. Plus grande qu’ailleurs !

Intimement, les pilotes le savent : la moindre défaillance de leur personne peut avoir des conséquences dramatiques. Leur rigueur est donc de rigueur. Leur conscience est totale. Car il est question ici de frisson. Des perles de transpiration sur le front, un vent glacé dans le dos, un rythme cardiaque qui s’emballe, une nuque raide : de mille et une manières, le frisson fait son œuvre. Qu’on le veuille ou non, le frisson fait grandir la conscience du risque, tout autant que la vigilance, pour mieux apporter des réponses pragmatiques, immédiates aux dangers qui surviennent.

Dans un autre registre, les motards, plus près du bitume, seraient-ils plus conscients des risques que les automobilistes plus confortablement installés. Oui certainement.

Le frisson est donc bien le point de départ. L’idée du frisson est donc à considérer sérieusement.

La reconnaissance du risque.

Pour apprendre à voler, il faut bien évidemment commencer par acquérir les compétences fondamentales, mais aussi et surtout multiplier les heures de vol. Mais ce n’est pas tout.

Instructeur-Pilote et fondateur de QUOTES Sécurité, Christian DO CAO le souligne « Durant l’heure de vol, dit-il, l’apprenti pilote apprend d’abord de lui-même mais il apprend aussi - et c‘est important – de l’expérience que son instructeur lui délivre. Pour l’apprenant, clame-t-il, 1 heure de vol, c’est 2 heures de vie ! ».

Intéressant.

Parce qu’au-delà du « Savoir Manier » un avion, il y a une autre dimension : celle d’apprendre à déjouer les pièges.

Comprenons par exemple, dans un tout autre domaine, qu’un joueur de football aussi talentueux soit-il ne pourra espérer devenir une légende du football que s’il apprend, en même temps, à se protéger, à déjouer les risques de blessure qui le priveraient de terrain et l’empêcheraient de rayonner. Ici c’est pareil, sauf qu’il en va de la vie.

Pour apprendre à déjouer les pièges il faudra apprendre, en tout premier lieu, à les reconnaître. C’est l’idée d’anticiper leurs survenances, de tout faire pour ne pas tomber dans le piège.

Un exemple amusant : Christian DO CAO, notre Instructeur-Pilote, qui s'attache entre autre à former nos pilotes de ligne à la voltige aérienne, martèle, au quotidien, sur les tarmacs : « Messieurs, je vous le rappelle, il est interdit de prendre les commandes d’un avion sans avoir mangé avant. » Ah bon ? Vraiment ? Vous êtes sûr Christian ? « Oui » répond-il, le plus sérieusement du monde. « En cas de danger » ajoute-t-il « le pilote sous tension devra puiser son énergie jusqu’au plus profond de lui-même. Il ne doit donc pas prendre le risque d’être diminué au début même de l’épreuve qu’est un vol ». La conscience du risque est là.

Grace à cet exemple, on comprend que pour déjouer les pièges, les heures de vol, même multipliées au carré, ne suffiront pas. Les risques sont parfois visibles mais le plus souvent, ils prennent la forme de signaux faibles.

Les identifier n’est pas aisé, et pourtant, ce sera fondamental. Pour être capable de reconnaître ces signaux, il faudra absolument les avoir croisés au moins une fois. Mais comme, il sera impossible de les croiser tous dans la vraie vie, alors il faudra s’enrichir de l’expérience des autres. Il n’y pas d’autre choix !

Avec un peu d’empathie, chaque pilote pourra ressentir le trouble d’un autre pilote à la condition qu’il témoigne avec ses mots, de son vécu, de son frisson, éventuellement de sa peur. Le pilote aura ainsi le devoir de ne pas rentrer chez lui silencieux. Avant, il devra avoir formulé son vécu, expliquer par le menu ce qui lui sera arrivé et comment il aura réagi. Son expérience deviendra un témoignage, une mémoire à partager afin qu’elle ait le pouvoir de déclencher chez le pilote suivant, une émotion, une prise de conscience. Ce dernier devra donc être capable d’identifier un risque qu’il aura ressenti sans jamais l’avoir vécu.

Elle est là l’ambition. Si on ne frisonne pas soi-même, on pourra aussi se nourrir du frisson des autres. L’idée est simple, mais grande.

Le partage des expériences.

Si l’heure de vol est une expérience personnelle, on l’aura donc compris, la capacité à identifier les risques, les signaux faibles doit se transformer en une expérience collective. Le partage des expériences devient donc un modèle de management de la sécurité. Pour sauver des vies et ambitionner le zéro accident il faudra donc l’organiser. C’est un projet, à part entière. On connait bien l’expression courante :« On ne m’y reprendra pas 2 fois ». Il serait donc convenu que la 1ère fois, on se laisserait plus facilement piéger. Oui bien sûr. Et pourtant, du point de vue de la sécurité, on ne pourra pas accepter cette convention !

C’est bien à cela qu’il faudra s’attaquer.

Reconnaître le piège, même la première fois, sans jamais l’avoir vécu directement est bien l’enjeu de toute politique de sécurité au travail. Pour triompher des risques, des incidents, des conditions inattendues, il faudra donc être plus grand que soi, comme "augmenté" par le vécu des autres. Le facteur humain est donc bien central. L’enjeu sera de transformer les expériences individuelles en expérience donc en conscience collective. La conscience collective sauvera des vies individuelles. C’est le pari qu’a fait l’aérien.

C’est le facteur humain que l’aérien a investi

Car, en termes de sécurité, c’est bien dans le monde aérien que le facteur humain a été le plus pensé et le plus travaillé.

L’accident du 27 mars 1977 sur l’île de Tenerife aux Canaries aura été, d’une certaine manière, déclencheur de ce grand mouvement. Ce jour-là deux Boeing 747, l’un de la KLM et l’autre de la Pan Am, se percutent violemment sur la piste de l’aéroport de Los Rodeos. 583 personnes y auront perdu la vie. Dans l’aérien, on a pris très sérieusement, à ce moment, la décision d’apprendre des tragédies, conscient au plus haut point que le facteur humain était bien au cœur des enjeux de sécurité.

On l’a aussi définitivement compris : augmenter la réglementation, installer des sanctions ne fera plus progresser la sécurité. Même dans les systèmes les plus automatisés, l'humain reste central et sa compétence à prendre les bonnes décisions est vue comme l’ultime protection contre les accidents. La gestion de la sécurité en aviation sera donc centrée sur l’apprentissage par l’erreur. Alors il faudra se parler. Alors il faudra parler des erreurs. C’est là la preuve d’une grande maturité, bousculée par la perte de trop nombreuses vies.

Partager les erreurs est un modèle de management

Pour organiser la remontée des expériences terrain individuelles et les partager avec engagement, mais aussi esprit de construction, il faudra initier un mouvement et l’élever en mode projet. Une mise en scène s’impose. À l’image par exemple, d’une organisation aplanie et d’un anonymat respecté. C’est dans l’aérien que Christian DO CAO, Pilote et Coach Sécurité a développé un dispositif capable d’organiser un tel partage entre pilotes. Mais ce dispositif humain et managérial, ne se limite pas à l’aérien.

Aujourd’hui, ce dispositif s’appelle QUOTES Sécurité et s’adresse à tous les secteurs y compris industriels. Et il mérite qu’on s’y attarde car il porte en lui des germes capables d’augmenter la conscience du risque et avec elle la propension pour chacun à devenir acteur de sa propre sécurité.